Pour la galerie Clic! sur l’image

 

 

Urbaing, avec un “g” en final pour entendre l’accent de la Lozère.

 

“Vous prendrez bien un canon !” L’invitation somme comme un ordre, avec un sourire, les yeux plissés de malice.

“Vous reprendrez bien un canon, vous n’allez pas repartir comme ça !”

Le Buisson, petit village juste sous l’Aubrac, et la ferme de la “Maison Neuve”.

Une ferme bien ancienne… Et Urbaing s’en est allé comme son frère André, comme tous les autres membres de la Famille, de cette génération de Paysans, d’éleveurs de vaches de race Aubrac.

Depuis de nombreuses années la grange ne se remplissait plus de foin puisque les vaches, déjà, s’en étaient allées.

Dans les années 70 du siècle précédent, Urbaing et André élevaient des veaux sous la mère, et bien d’autres bovins à viande qui “montaient en estive” sur le plateau pendant les quelques mois où l’herbe poussait sans neige. Le fromage de Cantal, type “Laguiole”, s’y élaborait dans les Burons.

Les veaux partaient pour l’Italie car leur chaire était rose et que le Parisien aime la chaire blanche. Mais le veau rose vient d’Italie et ceux qui sont devenus “Bobos” achetaient le veau rose d’Italie. Alors les maquignons italiens venaient en Aubrac. La route passait par Vintimille et le tunnel du Mont-Blanc. Les trajets les plus courts ne sont pas ceux que l’on croit. Terminus à Rungis pour du veau italien.

Moi je vous dis ce qu’un Italien en blouse m’a raconté autour d’un canon sur la table de la Maison Neuve dans les années 70 du siècle précédent. Et les yeux des deux frères brillaient de malice. Mais moi je n’en sais que ce que l’on m’a raconté. Sans doute des “on-dit” comme “à l’époque” les bordereaux de livraisons de vin de Bordeaux à la cave de M………, dans l’Hérault. Les gens sont méchants.

Mais les vaches étaient superbes avec leurs yeux soigneusement soulignés au rimmel. Et les immenses charrettes de foins à mettre sous la charpente de navire de la toiture de la grange.

Une faim de loups pour les ados (directement venus de Sainte Cécile ?), alors André soulevait le couvercle de la marmite qui chantait en permanence sur la cuisinière, rajoutait quelques patates (“Celles-là, c’est les cochons qui ne les auront pas !”), du lard gras, évaluait l’eau nécessaire à nourrir la main-d’œuvre, et d’une main remettait le couvercle et de l’autre glissait une bûche dans le foyer. La cuisine serait faite pour le retour. Couché dans le foin…

Puis les temps ont changé, André est parti, Urbaing s’est séparé des bêtes. Puis il a continué à œuvrer à la Maison Neuve. Couper du bois, faire, travailler jusqu’à 80 ans passés car l’on ne sait faire que cela ou presque.

“Vous reprendrez bien un canon !”

Décédé le… Tant de stères :  avec photo et mention. Non je ne parle pas d’Urbaing, mais d’un vieux chêne dont la photo était collée au-dessus du téléphone, avec les annotations de la main du bûcheron, maître en ces lieux, à quatre-vingts ans… Il faut bien s’occuper.

La maison neuve est bien neuve et ressemble à une résidence secondaire, sa nièce s’en occupera et bien.

Décédé le…            Urbaing le vieux chêne est parti rejoindre André.

 

 

 

 

Un paysan s’en va empèche le de partir…

Chanté par Marc Michel.